À l'initiative de Saint-Denis LGBTQI+, élus et associations appellent à une politique de réduction des risques en matière de chemsex, suivant les recommandations d'un rapport remis au ministre de la Santé en 2022.
Ce 1er décembre marque la Journée mondiale de lutte contre le sida, une occasion de sensibiliser et de mobiliser face à cette pandémie. Cependant, au-delà des efforts déployés pour prévenir la transmission du VIH, un autre fléau menace la santé physique et mentale de nombreuses personnes : le chemsex.
Le chemsex, contraction de "chemical" (chimique) et "sex" (sexe), désigne l'utilisation récréative de substances stimulantes ou psychoactives dans un contexte sexuel. Plusieurs substances sont dédiées à cet usage – 3MMC, GHB, GBL, MDMA, kétamine etc. – et sont prises de différentes manières : par le nez, en les buvant, en intraveineuse etc.
Une pratique à risques
Cette pratique connaît depuis une quinzaine d’années un véritable essor dans la communauté homosexuelle, comme nouvelle forme de sociabilisation et de culture sexuelle. Cette consommation, essentiellement dans l’espace privé, a connu une nouvelle hausse lors de la période pandémique de Covid-19. Les différentes études menées en France et aux États-Unis font état de 17 à 29% d’hommes homosexuels qui consommeraient régulièrement ces produits.
La consommation répétée de chemsex a un impact durable sur la santé des consommateurs : dépression et anxiété, addiction physique, risques de maladies cardiovasculaires etc. Le risque de contamination au VIH est cinq fois supérieur au reste de la population homosexuelle pour les personnes pratiquant le "slam", c'est-à-dire l’injection en intraveineuse. D’autre part, le risque de contracter d’autres maladies sexuellement transmissibles (blennorragie, syphilis, ou encore gonorrhée) est sensiblement plus élevé.
Lorsqu’on échange avec des personnes pratiquant le chemsex, l’isolement qu’elles subissent est particulièrement prégnant. La peur des rechutes, de ne pas s’en sortir, ajoutée aux incidences sur la vie socio-professionnelle sont des éléments qui reviennent régulièrement. À l’image du témoignage d’Aurélien, qui s'est donné la mort en octobre dernier, les souffrances liées aux drogues contribuent avec d’autres facteurs à des risques suicidaires.
Une méthode : la réduction des risques
Plutôt que de vouer les personnes aux gémonies, nous plaidons en faveur d’une politique de prévention responsable en trois principales revendications. Nous demandons aujourd’hui, conformément aux recommandations du rapport Benyamina remis au ministère de la Santé, que soient développées des actions de prévention et de réduction des risques :
en stricte concertation avec les associations et acteur·ices de la santé communautaire, que des actions concrètes et des moyens significatifs soient donnés, et qu’un relais soit effectué avec différents acteurs publics et privés (CARUDD, CEgIDD, CSAPA, notamment)
avec des réseaux territoriaux créés entre les associations communautaires et les structures médico-sociales pour coordonner à égalité ces actions de réduction des risques
adaptées aux besoins réels et à l’évaluation par les usagers eux-même du problème, en co-construction avec les chemsexeurs et les publics en situation de marginalisation (notamment les travailleur·euses du sexe)
Enfin il faut dresser un état des lieux du chemsex afin d’identifier les besoins et actions à mettre en œuvre.
Signataires :
Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg, Fabien Bazin, président socialiste du conseil départemental de la Nièvre, Manuel Bompard, député France insoumise, Hussein Bourgi, sénateur socialiste, Guy Bricourt, député LIOT du Nord, Anne Brugnera, députée Renaissance, Lionnel Causse, député Renaissance, Clara Chassaniol, députée Renaissance, Éric Coquerel, député France insoumise, François Dagnaud, maire socialiste du 19è arrondissement de Paris, Laurent Esquenet-Goxes, député Modem, Alexandre Feltz, adjointe écologiste à la maire de Strasbourg, Emmanuel Fernandes, député France insoumise, Joël Giraud, député Renaissance, Mathieu Hanotin, maire socialiste de Saint-Denis, Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance, Bernard Jomier, sénateur socialiste, Pierre Karleskind, député européen Renaissance, Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste, Andy Kerbrat, député France insoumise Brigitte Liso, députée Renaissance Nicolas Mayer-Rossignol, maire socialiste de Rouen, Corinne Narassiguin, sénatrice socialiste, Stéphane Peu, député communiste, Thomas Portes, député France insoumise, Raphaël Gérard, député Renaissance, Jean-Claude Raux, député écologiste Jean-Luc Romero-Michel, adjoint socialiste à la maire de Paris, Sabrina Sebaihi, députée écologiste, Aurélien Taché, député écologiste, Rachid Temal, sénateur socialiste Stéphane Troussel, président de Seine-Saint-Denis, Adel Ziane, sénateur socialiste.
Associations :
Saint-Denis LGBTQI+, association locale à rayonnement national, Chemspause (Paris), Projet Iris (Dunkerque), Fierté Marseille, centre LGBTQIA+ de Marseille, Le Girofard, centre LGBTQI+ Bordeaux Aquitaine.
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